7 avril 2022 • ACTUALITÉS
La situation des personnes souffrant de troubles psychiques en France est préoccupante : 15 % des 10-20 ans[1] ont besoin de suivi ou de soins psychiatriques. Les troubles mentaux représentent le premier poste de dépenses[2] du régime général de l’assurance maladie par pathologie, tandis que la demande de soins reste en augmentation constante. Face à ce constat, le Groupe SOS et le GCSMS[3] Coordination Marseillaise Santé Mentale et Habitat ont développé un projet expérimental, intitulé Suivi Intensif pour l’Inclusion Sociale (SIIS) – Santé mentale, financé par la CNAM et l’ARS. Le principe : des soins et un accompagnement à domicile pour améliorer la prise en charge. Une première en France, qui, à terme, devrait également permettre de libérer des places dans les hôpitaux et diminuer les coûts du rétablissement.
Le constat : soigner exclusivement les troubles psychiques à l’hôpital n’est pas suffisant
Touchées par des troubles psychiques (schizophrénie, troubles de l’humeur…), certaines personnes ne peuvent être prises en charge dans un parcours de soin classique ou dans les dispositifs médico-sociaux, car leurs besoins d’accompagnement sont trop élevés et perçus comme relevant uniquement de la psychiatrie. Elles n’ont pas d’autres choix que de recourir régulièrement à des hospitalisations en psychiatrie. Isolées du reste de la société pour des longues périodes, ces personnes peuvent alors se retrouver en situation d’exclusion sociale et être touchées par des comorbidités addictives qui s’ajoutent aux troubles psychiques déjà présents. Ce qui, mécaniquement, augmente les besoins d’accompagnement et donc les coûts associés.
Face à ce constat, le Groupe SOS souhaite innover pour proposer de nouvelles manières, plus efficaces, de prendre en charge des personnes touchées par les troubles psychiques. L’accompagnement doit ainsi favoriser le lieu de vie du bénéficiaire comme cadre, et surtout être axé sur le rétablissement, l’inclusion sociale et l’exercice du pouvoir d’agir. L’hospitalisation doit être réservé comme dernier recours, et le respect du rythme et des choix de la personne doit être garanti. Ainsi, centres hospitaliers pourront redevenir un lieu de soin et non un lieu de vie, comme cela pouvait être le cas pour certains de ces patients. Des places seront ainsi libérées pour ceux qui réellement besoin de soins hospitaliers.
SIIS – Santé mentale, un projet expérimental de soins à domicile
Le Groupe SOS et le GCSMS Coordination Marseillaise Santé Mentale et Habitat ont lancé ce mois-ci, à Marseille, une expérimentation de 5 ans, intitulée « SIIS-Santé mentale ». Il est destiné aux personnes présentant des troubles psychiques qui ont un recours aux hospitalisations en psychiatrie au moins 50 jours par an sur leurs 3 dernières années.
L’expérimentation repose sur la mise en place d’un suivi intensif sanitaire et médico-social sur le lieu de vie de la personne, et vise à réduire fortement la dépendance au système de soin hospitalier, à favoriser l’inclusion sociale et à développer les recours à la médecine de ville.
Le suivi sera réalisé par des équipes mobiles pluridisciplinaires, en lien avec les acteurs territoriaux nécessaires à la réalisation du projet de vie de chaque personne accompagnée. Ces équipes accompagneront chacune 80 patients et seront coordonnées par le Groupe SOS. Elles travailleront en concertation avec l’ensemble des partenaires présents sur le territoire : hôpitaux, communautés professionnelles de territoriales de santé et maisons de santé, professionnels de l’accompagnement vers l’emploi, la formation, les activités socioculturelles ou de loisirs…
Au niveau international (Canada, Etats-Unis, Royaume-Uni…), les équipes de « suivi intensif dans le milieu » ont déjà prouvé leur efficacité, notamment sur l’impact du nombre d’hospitalisations en psychiatrie et ont montré un intérêt majeur en termes économiques. Pour la première fois en France, ce dispositif est expérimenté. Le programme se lance en ce moment, avec la formation des équipes et la finalisation des partenariats. Dès le mois d’août, elles seront prêtes à intervenir auprès des premiers patients.
- A lire : « Parce qu’il peut y avoir une vie en dehors de l’hôpital psy ». La Provence revient sur le lancement et les ambitions de l’expérimentation SIIS – Santé mentale
[1] Selon le rapport d’information sur l’organisation de la santé mentale remis en septembre 2019 à l’Assemblée Nationale par la Commission des Affaires Sociales
[2] Selon ce même rapport, le coût économique et social des troubles mentaux est évalué à 109 milliards/an
[3] GCSMS : Groupement de Coopération Sociale et Médico-Sociale