13 mars 2022 • ACTUALITÉS
A partir de 65 ans, on disparaît des statistiques de genre. Les inégalités, elles, restent : les femmes seniors sont plus touchées par la précarité, victimes de violences, de comportement sexistes… Alors que la Journée internationale des Droits des Femmes a eu lieu cette semaine, le Groupe SOS appelle à la reconnaissance de l’existence de ces inégalités et à la nécessité de mettre en place des actions, en met en lumière le dossier « Vieilles et citoyennes », paru cette semaine dans la revue POUR n°242.
« Vieillir n’est pas neutre et souvent, pour les femmes, les inégalités liées au genre s’ajoutent aux problèmes inhérents à l’âge, les effets du sexisme cumulent avec ceux de l’âgisme. De ce constat est née l’idée de ce nouveau dossier consacré, pour l’essentiel, aux spécificités du vieillissement féminin.
Ces dernières années, la parole des femmes s’exprime autours de scandales et de révélations : Elles parlent, les anciennes se souviennent… Parallèlement, le problème du vieillissement prend de plus en plus de place dans les débats, tandis qu’on assiste à une montée de l’âgisme : le combattre est un enjeu mondial.
Ce dossier propose un vaste tour d’horizon, sans doute incomplet mais riche de différents points de vue croisés, ceux d’acteurs-trices aux compétences et engagements très diversifiés.
Les stéréotypes sur les femmes âgées sont véhiculés depuis longtemps. Les discriminations de genre se sont superposées aux discriminations d’âge, mais les mouvements féministes n’ont pas intégré la question du vieillissement. Les vieilles femmes ne veulent pas « rentrer dans le rang ». Certaines d’entre elles ont vécu 68, elles sont disponibles pour contester, critiquer le jeu social, bref, elles ont « un bel âge pour la révolte ».
Les discriminations ont la peau dure, comme nous le constatons dans nombre d’études récentes, françaises et internationales, l’évolution est restée bien modeste.
Dans leur emploi, leur fin de carrière et leur retraite, mais aussi dans leur corps, leur santé et leur sexualité, les femmes âgées sont souvent victimes d’inégalités. Si parmi les seniors le taux d’activité des femmes de 50 à 64 ans est supérieur à celui des hommes, elles sont aussi les plus nombreuses à cumuler emploi et chômage. Mais c’est en observant les pensions de retraite que les inégalités ressortent le plus clairement. Les pensions des femmes, hors réversion, sont aujourd’hui de 41% en moyenne inférieures à celles des hommes. Rien d’étonnant à ce que 70% des allocataires du minimum vieillesse soient des femmes.
Les femmes âgées continuent de se heurter aux inégalités, aux violences comme les féminicides, à la précarité qui augmente… La non-prise en compte du genre, le manque de recueils de données, d’absence d’études dans la plupart des statistiques, rend souvent difficile la mise en évidence de ces phénomènes, et c’est un problème auquel il serait nécessaire de remédier. »
Odile Plan, Présidente de l’association Or Gris
Zoom sur un atelier d’échanges dans nos EHPAD
« Nous avons eu 6 collégiens, 3 filles et 3 garçons. Pour faciliter l’échange, les discussions étaient faites par binômes, composés d’une personne âgée et d’un jeune. Concrètement, chaque binôme piochait une question et débâtait autour. De nombreux thèmes ont été abordés: sur le rôle de la femme, l’égalité des salaires, le droit de vote, le droit d’avoir un compte bancaire… Par exemple, sur le rôle de la femme : une résidente nous disait qu »en plus de son métier en journée, le soir elle exerçait son deuxième travail : celui celui de maman et de cuisinière. Pour une autre résidente, considérer l’homme comme le chef de famille est normal pour leur génération. »
Le mot de la fin fut donné par un résident : « Sans les femmes, notre société ne fonctionnerait pas. Il est temps de mieux se partager les tâches afin que personne ne soit dépendant de l’autre ! »