Le sport inclusif, un véritable outil au service des personnes vulnérables et des territoires : c’est la conviction de l’association Ovale Citoyen, qui a rejoint cette semaine le Groupe SOS. Jeff Puech, cofondateur et directeur de l’association Ovale Citoyen, revient sur le concept de sport inclusif et les enjeux qu’il rencontre aujourd’hui.
Qu’est-ce que le « sport inclusif » ?
« L’inclusion sociale, c’est permettre à chaque citoyen, y compris aux plus défavorisés, de participer pleinement à la société, et notamment d’exercer un emploi. Le sport est par essence l’une des composantes de cette inclusion sociale : parce qu’il permet la rencontre, le bien-être tant physique que moral. Le concept du sport inclusif est donc simple : permettre à toutes et tous de pratique un sport dans les meilleures conditions possibles sans qu’aucun facteur discriminant ne vienne s’y opposer. Le sport inclusif ne se réduit donc pas uniquement à des publics en situation de handicap mais va impacter toutes personnes pouvant être discriminées de par son genre, sa sexualité, son origine sociale, son histoire, son lieu de résidence, ou tout autre facteur discriminant.
Il s’agît de proposer un environnement et une pratique différentes que celles proposées par les clubs sportifs traditionnelles, qui prennent en compte les particularismes des populations cibles tout en les conduisant vers une « normalisation » de l’activité. »
Quelle place prend le sport inclusif aujourd’hui ?
« L’intérêt du sport pour la cohésion sociale était déjà un sujet mis en avant dans le premier rapport Borloo en 2005, qui insistait sur l’importance des associations sportives et le besoin de développer le nombre d’emplois dans ce domaine en tant que « meilleur levier pour accompagner l’insertion sociale et professionnelle et l’accès à l’emploi ». Depuis 2019 même, chaque ville doit comprendre un volet intitulé « Action sportive à vocation d’inclusion sociale et territoriale ». Nous sommes là sur un changement de cap. Le sport inclusif est maintenant considéré comme un véritable outil au service des habitants.
A côté, les fédérations sportives ont un modèle économique qui repose sur les revenus des licences. Ce modèle n’est plus adapté aux nouvelles formes de pratiques du sport pour 41 % d’entre elles. Toutes les composantes sont donc là : un besoin d’une pratique sportive différente, hors des clubs et de la compétition, une volonté politique forte, des fédérations confrontées à un changement d’adhésion. Il ne reste plus qu’à trouver un modèle qui synthétise tout cela ! »
Comment l’association Ovale Citoyen déploie-t-elle des dispositifs de sport inclusif ?
« Nous travaillons beaucoup avec le monde du sport professionnel car c’est une formidable caisse de résonnance de nos actions, notamment dans la lutte contre les discriminations. Par exemple, nous sommes partenaires de la Ligue Nationale de Rugby via le programme « Vivre Ensemble ». Cela permettra de donner une formation autour de la lutte contre l’homophobie et le racisme auprès des 30 clubs professionnels. Autre exemple concret : à travers le programme Transformons l’Essai Vers l’Apprentissage (TEVA), les clubs sont engagés pour l’insertion de jeunes issus de Quartiers prioritaires de la ville ou de parcours migratoires. Les jeunes ont accès à des sessions de sports, des places pour voir les matchs, des rencontres avec les professionnels, des informations sur les emplois en apprentissage disponibles au sein des clubs… »
Vous venez d’ailleurs de lancer un nouveau dispositif, « Le Cri du Vestiaire » ?
« Tout à fait. C’est une cellule d’écoute contre les LGBTphobies. Le Cri du Vestiaire est né du constat que peu de sportives et sportifs professionnels reconnaissent publiquement leur orientation sexuelle, avec la crainte de voir s’arrêter leur carrière et la peur du rejet. Par téléphone ou par tchat, cette cellule d’écoute a été pensée pour apporter un accompagnement personnalisé. Plusieurs ligues sportives ont d’ores et déjà signés pour être partenaires, comme la Ligue Nationale de Rugby, la Ligue Professionnelle de Football ou encore la Ligue Nationale de Handball. »
Ovale Citoyen a rejoint le Groupe SOS le 8 novembre 2022. Quelles sont vos ambitions ?
« Notre adossement au Groupe SOS vise à faire du sport inclusif un outil à destination des bénéficiaires de ce groupe associatif. Ce rapprochement vise à amplifier nos actions et à créer dans le Groupe une véritable entité sport inclusif. Parmi les premiers chantiers : faire un état des lieux des programmes déjà en place, déterminer le seuil de bénéficiaires, organiser dans chaque région une journée du sport inclusif pour l’ensemble des structures ou encore coordonner avec Play International, autre association du Groupe SOS, une méthodologie d’actions. Le tout en continuant de développer nos liens avec les différentes ligues sportives, et ainsi créer des synergies, aussi lors de grands évènements sportifs comme la Coupe du Monde de Rugby en 2023 ou encore les Jeux Olympiques et Paralympiques de 2024. Nous souhaitons aussi développer une forte activité de conseil auprès des Fédérations, Ligues ou clubs afin de faire du sport inclusif un outil aux services de leur développement. Le sport inclusif ne doit en aucun cas une contrainte pour eux mais au contraire une chance pour attirer vers le sport tous les publics. »
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