Depuis la loi de 2016, le rapport de force s’est inversé entre les travailleurSEs du sexe (TDS) et les clients. Largement précarisées, elles sont désormais beaucoup plus exposées aux risques de contamination VIH/sida et autres IST, ainsi qu’aux violences sexistes et sexuelles. Constatant une extrême dégradation des conditions de vie et de travail des TDS, nos associations avaient donc soutenu leur démarche auprès de la CEDH.
En décembre 2019, plus de 250 TDS, parmi lesquelles une majorité de migrantEs et/ou minorités de genre, avaient saisi la Cour européenne. Leur objectif ? Contester la conformité de la pénalisation des clients à leurs droits fondamentaux : la liberté d’exercer une activité professionnelle, le droit à l’autonomie personnelle et à la liberté sexuelle, les droits à l’intégrité physique et à la vie.
En avril 2021, la CEDH avait jugé la requête recevable, fait très rare car seule une infime partie le sont (environ 5%). Mais dans la procédure, le gouvernement français a de nouveau introduit la question de la recevabilité, en réfutant la qualité de victime des requéranTEs, ainsi que l’épuisement des voies de recours internes.
La décision de la CEDH aujourd’hui, surprenante et ne préjugeant pas du fond, est pourtant bien une victoire d’étape pour les TDS et les associations qui les soutiennent. Elle reconnaît dans sa décision que la seule existence de la loi a un impact négatif sur les TDS : « les requérants produisent des éléments tendant à montrer que la clandestinité et l’isolement qu’induit cette incrimination augmentent les risques auxquels elles sont exposées ». La CEDH considère également que les requêtes ne sont « pas manifestement mal fondées », et acte donc le débat.
Signataires :