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Le passage à échelle de l’agroécologie est un enjeu collectif : entretien avec Claudio Muskus, directeur général de Fermes d’Avenir

28 mai 2024 • ACTUALITÉS

Les discussions autour de la loi d’orientation pour la souveraineté en matière agricole et le renouvellement des générations en agriculture à l’Assemblée nationale se sont clôturées le 24 mai. Les débats autour de cette loi se sont cristallisés autour de questions clés : peut-on réellement continuer à opposer agriculture et écologie ? Comment susciter des vocations agricoles chez les nouvelles générations ? Comment accélérer la transition vers des modèles respectueux du vivant ?

L’association Fermes d’Avenir du Groupe SOS agit sur le terrain en accompagnant des projets agroécologiques viables économiquement. Entretien avec Claudio Muskus, directeur général de l’association.

Pour Fermes d’Avenir, qu’est-ce que la transition agroécologique ?

L’agriculture est l’un des secteurs économiques responsables du franchissement des limites planétaires ; elle est également confrontée à d’importants défis socioéconomiques. Face à l’épuisement des ressources et la nécessité de nourrir sainement la population, le modèle actuel montre ses limites.

Nous pensons que l’agroécologie représente un modèle vertueux pouvant être largement adopté. Elle vise à relever simultanément 3 grands défis environnementaux, sociaux et économiques : nourrir la population avec des aliments sains et de qualité (goût, maturité, etc.), tout en préservant le capital naturel de la planète (eau, sols, climat, biodiversité) et en assurant une activité agricole viable et résiliente pour les agriculteurs. Selon nous, elle ne se limite pas aux pratiques sur la ferme mais considère le système dans son ensemble : sa commercialisation, son ancrage territorial, son outil de travail et ses choix d’investissements.

 

Qu’est-ce qui freine cette transition aujourd’hui ?

C’est principalement un problème d’ordre économique. Aujourd’hui, 30% des agriculteur⋅ice⋅s gagnent autour de 350 euros par mois. Passer d’un modèle classique à un modèle agroécologique implique des investissements pour une ferme. Si certaines fermes réussissent par leurs propres moyens le défi de cette triple performance (sociale, environnementale, économique) en particulier en circuits-courts ou filières de qualité, au global, le prix de vente des produits en sortie de champ n’est pas suffisant pour couvrir le coût de mise en place de ces pratiques agroécologiques.

D’autre part, le manque de formation et d’accompagnement des agriculteur⋅ices dès l’installation ne les pousse  pas à se tourner vers des modèles d’agriculture vertueux.

 

Que faudrait-il mettre en place pour rendre cette transition agroécologique possible ?

D’abord, le prix d’une agriculture écologique doit rémunérer le travail pour la production mais aussi pour les efforts que la ferme fournit afin de préserver les capitaux naturels et sociaux. Les fermes ne devraient pas avoir à supporter seules tous ces coûts dans la mesure où ces pratiques visent à protéger des biens communs et la santé de chacun⋅e⋅s.

Il faudrait donc plus de financements, ou des financements réorganisés, pour couvrir ces coûts de façon collective : subventions publiques, financeurs de compensation Carbone, sécurité sociale de l’alimentation, efforts des consommateurs qui en ont les moyens, etc.

Aussi, pour garantir le renouvellement des générations agricoles, il est crucial de développer une formation complète et adaptée des candidat⋅es à l’installation, de garantir l’accès (matériel, technique et financier) à l’outil de production et d’assurer un accompagnement technique sur les aspects agronomiques, économiques et juridiques.

 

Le projet de loi débattu répond-il à vos attentes ?

Si nous partageons les objectifs poursuivis par le projet de loi, à savoir l’orientation, la formation, l’installation, la transmission et la levée de contraintes pour les agriculteurs, les mesures actuellement proposées restent insuffisantes au regard des besoins de renouvellement de la profession agricole, mais aussi de l’indispensable transition agroécologique de nos systèmes productifs, seule à même de répondre aux enjeux climatiques et environnementaux.

En effet, la notion de revenu agricole n’est aucunement abordée dans le texte, or nous en sommes convaincus, il est impossible de susciter des vocations sans apporter de réponse à cet enjeu. Aussi, en l’état, le projet de loi semble pénalisant pour la promotion des modèles alternatifs d’agriculture tels que l’agroécologie.

Pendant toute la durée des débats autour de cette loi, nous avons défendu des propositions concrètes pour accélérer la transition agroécologique. Je vous invite à les découvrir !

 

Communiqué de presse de Fermes d’Avenir

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