Depuis le 8 janvier 2021, le Centre d’hébergement d’urgence (CHU) Marais (GROUPE SOS Solidarités), a été entièrement repensé pour accueillir un public en situation de grande précarité, souvent confronté à des pathologies chroniques et/ou des consommations de produits psychoactifs. Mis en place à l’occasion d’un Appel à manifestation d’intérêt (AMI), zoom sur ce projet expérimental d’accompagnement, situé au cœur de Paris.
L’exclusion sociale : un sujet sociétal
« La marginalisation est le fait, pour un individu ou un groupe d’individus, [de vivre en marge de la société], de s’en exclure ou d’en être exclu avec une rupture des liens sociaux. Ce mode de vie peut-être choisi mais est souvent subi, comme la conséquence d’une stigmatisation, d’une exclusion sociale, d’une désocialisation, d’un comportement à risque, d’un handicap.» Serge Paugam, Les 100 mots de la sociologie (2010)
Le projet du CHU Marais a été entièrement repensé suite à l’appel à manifestation d’intérêt (AMI) porté par la Délégation interministérielle à l’hébergement et à l’accès au logement (DIHAL) en septembre 2020. Il visait à la création de projets expérimentaux d’accompagnement de personnes en situation de grande marginalité, s’intégrant dans la dynamique du plan quinquennal pour le logement d’abord et la lutte contre le sans-abrisme (2018-2022) et de la stratégie de prévention et de lutte contre la pauvreté (2018-2022).
En effet, la crise du COVID-19 a particulièrement mis en exergue la nécessité d’héberger et d’accompagner les personnes en situation d’errance, notamment pour leur santé physique et mentale. L’accès aux soins et le rôle protecteur d’un logement de qualité sont deux facteurs qui expliquent en partie l’altération de l’état de santé des personnes sans domicile. La mortalité de cette population est de 2 à 5 fois plus élevée et survenant 15 ans plus tôt qu’en population générale.
Le CHU Marais : une structure historique engagée au côté des plus précaires
Le CHU Marais fut à l’origine l’un des premiers Centre d’hébergement et de réinsertion sociale (CHRS) de la capitale. L’établissement, ouvert 24h/24, vise à assurer l’accueil et l’hébergement, le soutien et l’accompagnement social, ainsi que l’adaptation à la vie active et l’insertion sociale et professionnelle des personnes connaissant de graves difficultés (situation précaire, situation psychique et/ou addictive compliquée). La structure dispose de 46 places en collectif, et 24 en appartement de colocation dans une perspective de logement d’abord. L’accompagnement est renforcé par la Plateforme pour un Hébergement inclusif (PHI), dédiée à ce CHU mais aussi à l’accompagnement d’autres centres d’hébergement parisiens (via 30 mesures d’accompagnement complémentaire) pour y créer les passerelles nécessaires à l’inclusion de personnes fortement précarisées. L’objectif est de garantir l’inconditionnalité de l’accueil de manière effective et fluide.
L’hébergement d’urgence : un logement pour les sans-abris, un accompagnement adapté
« Notre équipe pluridisciplinaire est composée de 16 professionnels des secteurs du social, du médical et du paramédical, acculturés à la très grande précarité et travaillant en transversalité. Nous fonctionnons comme une plateforme d’échanges et de savoirs expérientiels sur la grande exclusion » explique Ali Aguado, directeur de la PHI CHU Marais.
Les équipes mobilisées mettent en place un accompagnement adapté afin de répondre au mieux aux besoins spécifiques de ces profils :
La santé : comme le détaille Ali Aguado :« Nous portons à la fois un projet d’accompagnement social et d’accompagnement en santé, avec des enjeux liés à la psychiatrie et l’addiction, qui sont propres à la grande précarité. »
Leur parcours de vie : les équipes adoptent une dynamique « d’aller-vers » l’usager∙e, et prennent le temps nécessaire pour faciliter l’intégration des hébergé∙e∙s (visite du centre, rencontre de l’équipe sur place, expression des besoins et des attentes.). « Dans les centres collectifs classiques, les personnes en très grande marginalité et au temps d’errance long ont souvent du mal à se stabiliser et ne restent pas. (…) Nous leur faisons comprendre qu’ils vont être acceptés tels qu’ils sont, avec leur consommation, leurs maladies, leur colère, et leur vulnérabilité. » explique Manuel Zeni, Chef de service du CHU.
La confiance : la réduction des risques et des dommages (RRD) est envisagée comme une réelle posture d’accompagnement, basée sur une confiance mutuelle. La personne hébergée est mise elle-même au centre de sa reconstruction en ayant la possibilité d’exprimer ses capacités et ses limites, et devient actrice de son propre parcours.
« Avec cette philosophie d’actions, nous souhaitons participer à redonner une forme d’égalité de traitement à des populations qui sont fortement marginalisées, voire discriminées. Nous réhumanisons le lien social en adoptant une approche non jugeante de leur parcours de vie, et en ne réduisant pas leur situation à leurs problématiques psychiatriques et à la consommation de produits », conclut Ali Aguado.
QUELQUES CHIFFRES
En 2021, le pôle Habitat et Action Sociale du GROUPE SOS a hébergé 3.635 personnes dans les CHU et CHRS d’Ile-De-France, Nouvelle Aquitaine, Normandie, Occitanie et région PACA, dont 1109 sur des centres parisiens.
2.960 personnes sans domicile ont également été accueillies en accueil de jour ou de nuit, et 5.405 personnes dans des logements accompagnés.
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