La Comptabilité Ecologique mesure avec précision le coût de préservation de la Nature (l’eau, la biodiversité, le sol, le climat) et de l’Humain (les travailleurs sur la ferme, les riverains et habitants du territoire) sur une ferme, tant en termes de pratiques agricoles que d’organisation nécessaires pour préserver ces capitaux essentiels à la transition écologique. Loin de donner un prix à la nature, par définition inestimable, elle propose au contraire de calculer les coûts de préservation de celle-ci via des pratiques soutenables. Basée sur le modèle C.A.R.E de la Chaire Comptabilité Ecologique d’AgroParisTech appliqué à l’agriculture, cette approche comptable a été testée en 2022 sur 7 fermes du réseau Fermes d’Avenir, puis en 2023-2024 dans le cadre d’un projet piloté par la FNCUMA et accompagné par Fermes d’Avenir, la Chaire Comptabilité Ecologique et une dizaine de partenaires. Appliqué sur une dizaine de fermes laitières de Bretagne (bio et non bio), le projet a fourni des ordres de grandeur des coûts de préservation de la Nature et de l’Humain sur ces fermes.
Les principaux freins des agriculteurs et des agricultrices à la mise en place de démarches de préservation sont le manque de filières valorisant leurs efforts, d’appui technique et de temps, mais aussi et surtout le manque de financements. L’expérimentation montre que les fermes ne peuvent pas soutenir toutes les dépenses liées à la préservation des capitaux naturels et humains. La réalisation de l’entièreté des actions de préservation nécessaires au respect des bons état écologiques nécessiterait un investissement supplémentaire situé entre 4000 € et 158 000 € par ferme, qui entraînerait un déficit du modèle économique des fermes.