18 novembre 2021 • ACTUALITÉS
En ratifiant la Convention internationale des Droits de l’Enfant (CIDE), la France s’est engagée à rendre effectif pour chaque enfant le droit à une éducation gratuite et de qualité. Dans les faits, les enfants défavorisé·e·s connaissent des difficultés d’accès à la scolarisation ou à la formation professionnelle. Le GROUPE SOS, qui accompagne et accueille des enfants en difficultés, agit pour que toutes et tous aient accès à une éducation de qualité.
Une inégalité d’accès à l’éducation, renforcée par la crise sanitaire
La Convention Internationale des Droits de l’Enfant (CIDE) fête son 32ème anniversaire le 20 novembre. Composée de 54 articles, elle veille à ce que les Etats coopèrent pour assurer la sécurité et le bien-être des enfants. En ratifiant la Convention internationale des droits de l’enfant (CIDE), la France s’est notamment engagée à rendre effectif pour chaque enfant le droit à une éducation gratuite et de qualité. Force est pourtant de constater qu’elle est loin d’y parvenir, les inégalités d’accès à l’éducation restant très nombreuses. De nombreux enfants vivant en habitat précaire, qu’ils grandissent en squat, en établissement de la protection de l’enfance, en hôtel social, ne vont pas à l’école de manière régulière. En Guyane et à Mayotte, la situation est encore plus préoccupante : on estime que près de 10 000 enfants ne sont pas scolarisé·e·s.
La crise sanitaire a accentué davantage les inégalités et exacerbé la crise des apprentissages. Près de 12 millions d’enfants et de jeunes ont été privés de scolarisation traditionnelle pendant plus de 10 semaines en raison de la COVID-19. Les élèves défavorisés n’ont pas eu accès aux outils numériques ou à des adultes pouvant les aider au quotidien durant le confinement, entraînant une hausse des inégalités. 4 % des élèves français, soit 500 000, sont estimés en décrochage ou à risque de décrochage.
Le système éducatif français n’a pas su suffisamment s’adapter pour faire face aux conséquences de la COVID-19 : manque d’aménagement des programmes, manque d’adaptation du système pour les élèves en situation de handicap, multiplication des tests et évaluations, pas de réduction du nombre d’enfants par classe et manque de recrutement d’enseignants… Les dispositifs « Des vacances apprenantes » et « Devoirs faits » seront probablement loin d’être suffisants pour rattraper le retard pris pour de nombreux élèves durant ces derniers mois.
Sur le terrain, les équipes du GROUPE SOS mobilisées pour l’éducation
Être jeune, c’est avoir le droit de croire en soi et en son avenir. Défendre une réelle égalité des chances, dès les premières années de la vie : c’est ce qui guide les équipes de près de 200 établissements du GROUPE SOS, qui agissent directement pour les plus jeunes.
Valoriser la réussite scolaire, quelles que soient les difficultés
« Lorsqu’on a affaire à des enfants en grande difficultés, la plupart des gens partent du principe que ceux-ci sont voués à échouer. Une aberration pour nous. L’éducation scolaire est au cœur de notre projet d’établissement. Inscrire tous les enfants que nous accueillons à l’école, ça peut paraître une banalité, pourtant ça ne l’est pas pour les enfants en difficultés. Et il faut aller plus loin : nous renforçons le suivi, nous mettons en place un cadre. On propose également des sorties culturelles : Les Invalides, le Louvres, soirée à l’opéra… Le résultat : 80% des jeunes qui sortent de chez nous ont acquis un diplôme. »
Marc Charmain, directeur de la Maison d’enfants à caractère social (MECS) Félix Faure
La Maison d’enfants à caractère social Félix Faure, située dans le 15e arrondissement de Paris, accueille des garçons âgés de 10 à 18 ans, orientés par l’Aide sociale à l’enfance. Au cœur du projet de l’équipe de l’établissement : valoriser la réussite scolaire. Marc Charmain revient sur l’année passée :
« Très concrètement, nous accueillons des jeunes, qui habitaient auparavant chez leurs parents et qui n’allaient quasiment plus à l’école depuis au moins une année scolaire, voire des années bien qu’inscrits. Quant à ceux qui étaient déjà placés en famille d’accueil ou en établissements, pour la plupart il ne leur a jamais été demandés de faire leur devoir, ils n’ont jamais vu d’orthophoniste de tout leur parcours malgré des difficultés d’apprentissage évidentes, il n’y a pas non plus eu de bilan cognitif type bilan d’orientation.
Il nous est impossible de rattraper des années d’abandon sur les apprentissages, néanmoins nous faisons, sur le foyer, d’énormes efforts pour combler ces retards. C’est ainsi qu’à l’internat tous les jeunes en difficulté d’apprentissage bénéficient d’un suivi orthophonique et d’un bilan. Les temps d’études sont obligatoires chaque jour en chambre pendant 1 heure 30 y compris le vendredi et 1 heure le samedi matin. Sur ce temps, nous faisons en sorte d’avoir au moins 3 éducateurs présents. Lorsqu’un jeune est exclu de son établissement les éducateurs font du soutien scolaire individuel. Nous disposons pour ce faire de cahiers de devoirs pour tous les niveaux. Huit bénévoles interviennent également chaque semaine pour aider nos jeunes. Cette persévérance conduit in fine à des résultats honorables puisque plus de 80% de nos jeunes réussissent à obtenir un diplôme avant leur départ du foyer. »
Remobiliser les jeunes éloigné·e·s du monde du travail
Lancé par Plateforme i, Teame remobilise les jeunes les plus éloignés de l’emploi et réinvente leur insertion professionnelle en les impliquant concrètement dans la création et la gestion d’un projet dont ils sont les leaders. Pendant 8 semaines, chaque Teame, composée de 8 à 10 jeunes, gère tous les aspects de leur projet (RH, finances, marketing…).
Cette expérience immersive leur permet de découvrir les exigences du monde du travail dans un contexte bienveillant, de développer leur pouvoir d’agir, de monter en compétences et de rencontrer des professionnels afin d’accélérer leur accès à l’emploi.
Plateforme i a donné la parole aux « Teamers », ces jeunes accompagnés par nos équipes. Qu’en ont-ils pensé ? Quels messages veulent-ils partager sur leur expérience ?
Garantir les mêmes chances à chaque enfant et jeune majeur·e : des évolutions nécessaires
Au regard de la complexité croissante du profil de certain·e·s jeunes, qui cumulent plusieurs types de difficultés, le décloisonnement institutionnel et notamment entre les champs de la santé, de la scolarité et de la Protection de l’enfance, est indispensable. Des moyens financiers à hauteur des enjeux doivent être mobilisés : il ne s’agit pas de dépenses, mais bien d’un investissement dans l’avenir de notre pays. Cet investissement doit également concerner les professionnel·le·s qui s’impliquent au quotidien auprès des enfants et des familles. Le manque d’attractivité de notre secteur est manifeste. Cela affecte directement la qualité de l’accompagnement que nous pouvons proposer. Il est donc essentiel de reconsidérer les questions de reconnaissance professionnelle, de formation et de revalorisation salariale.
> Découvrir les actions du GROUPE SOS pour les enfants et jeunes majeur·e·s
> Découvrir nos propositions pour donner les mêmes chances à chaque enfant !
- Notre plaidoyer « Petite enfance »
- Notre plaidoyer « Protection de l’enfance »
- Notre plaidoyer « Protection judiciaire de la Jeunesse »