9 novembre 2020 • ACTUALITÉS
La vie intime, amoureuse et sexuelle est essentielle et participe à la réalisation et à l’épanouissement de chacun·e. Pour autant, la question de l’accès et de la réalisation concrète d’une vie intime, amoureuse et sexuelle, pleine et entière, en un mot, humaine, se pose pour de nombreuses personnes en situation de handicap. Il ne s’agit pas seulement d’en parler pour faire évoluer les mentalités mais bien d’agir sur les pratiques pour permettre à chacun d’accéder concrètement à ce droit.
Une tribune d’Alexandra Barrier, directrice générale Handicap de GROUPE SOS Solidarités.Handicap et sexualité : un droit théorique, de nombreux obstacles
« Les droits à une vie privée, une vie familiale, une vie intime, amoureuse et sexuelle sont essentiels pour tout·e citoyen·ne: ils s’inscrivent dans les droits humains, et doivent pouvoir s’exercer sans contrainte, sans discrimination et sans violence. Les personnes en situation de handicap ont le droit de vivre une vie intime, amoureuse et sexuelle libre, sans jugement, en milieu dit « ordinaire » comme en établissements. Ces droits ont été réaffirmés dans la loi du 2 janvier 2002 rénovant l’action sociale et médico-sociale, et celle du 11 février 2005 pour l’égalité des droits et des chances, la participation et la citoyenneté des personnes en situation de handicap. Ils doivent être concrétisés dans leur quotidien.
Au-delà de la loi, la vie intime, amoureuse et sexuelle est un facteur important de bien-être. L’amour, l’affection et la sexualité participent à l’épanouissement personnel. Pourtant, les personnes en situation de handicap se retrouvent régulièrement en situation d’abstinence non choisie. Qui peut l’accepter ? Elles doivent faire face à des difficultés et des obstacles éthiques, juridiques, pratiques voire cliniques. Fréquemment encore, la vie en établissement médico-social, au sein d’un collectif et d’une organisation réglementée, constitue au mieux une contrainte importante, au pire un obstacle insurmontable. Cette difficulté, qui vire à l’impossibilité [pour une personne en situation de handicap d’exercer ses droits] pose la question d’une maltraitance passive. Il est ainsi de notre responsabilité collective de nous saisir sérieusement de ces enjeux et de faire évoluer cette situation ».
A la source, un déni de la société
« Trop souvent, parents, proches, professionnel·le·s, et plus globalement la société nient, parfois inconsciemment, la réalité d’une vie intime, amoureuse et sexuelle des personnes en situation de handicap. Quant aux personnes elles-mêmes, elles ne peuvent pas toujours exprimer leurs besoins par des mots, ou ne sont pas autonomes physiquement. Au-delà de la négation même d’un droit à une vie intime, amoureuse et sexuelle, et sans nier des facteurs de vulnérabilité ou de situations à risques d’abus, les personnes en situation de handicap se voient encore infantilisées alors que nous ne devons pas oublier qu’il s’agit de besoins réels et légitimes et non de « pulsions » à réprimer ».
Levons le tabou, parlons solutions et agissons !
« La priorité est l’accès à l’information : pour les personnes accompagnées, pour leurs proches, pour les professionnel·le·s qui les suivent chaque jour, la connaissance des leviers d’action est essentielle.
Au sein de GROUPE SOS Solidarités, nous avons entrepris des actions très concrètes à cet effet : sensibilisation des personnes en situation de handicap sur leurs droits, formation et accompagnement des professionnel·le·s, dialogue autour de ce sujet avec les familles, organisation adaptée de nos établissements et services, conditions de vie en Etablissements sociaux et médico-sociaux (avec l’organisation des espaces de vie à cet effet notamment), inclusion dans la cité pour permettre les rencontres, modalités de fonctionnement en institutions, tout ce qui peut permettre de lever les barrières à l’accès à une vie affective, amoureuse et sexuelle est mis en œuvre et résolument amplifié. C’est une politique d’établissement globale, supposant un très grand investissement des manageurs, qui se trouve ainsi impulsée pour permettre l’accès à ce droit. Les enjeux sont nombreux, de premières solutions existent déjà, d’autres n’attendent qu’à être imaginées, testées, déployées. Alors parlons-en et agissons ! ».
GROUPE SOS Solidarités gère 67 établissements d’accueil et d’accompagnement de personnes en situation de handicap.
> Découvrir les actions déployées par le GROUPE SOS pour favoriser la vie intime, amoureuse et sexuelle des personnes en situation de handicap
> « Handicap : le droit à (faire) l’amour ! » : regardez la rediffusion de notre événement, où professionnel.le.s, résident.e.s, familles échangent pour lever les freins à la sexualité dans le monde du handicap