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Dématérialisation des titres de séjour : Groupe SOS Solidarités et 9 autres associations accusent l’Etat

8 avril 2025 • ACTUALITÉS

En 2021, l’Etat a mis en place une plateforme numérique pour effectuer la plupart des démarches importantes dans la vie des personnes étrangères : c’est l’Administration numérique des étrangers en France (ANEF). L’ANEF a depuis démontré de graves dysfonctionnements, couplés à un manque de services de substitution. Il en résulte un impact grave sur la vie des personnes étrangères. Aux côtés de 9 autres associations, Groupe SOS Solidarités -qui accueille et accompagne des milliers de personnes en exil chaque année, a déposé un recours devant le Conseil d’État pour « carence fautive » et enjoindre l’État à appliquer la loi. 

Les dysfonctionnements kafkaïens de la plateforme numérique des demandes de titres de séjour, signalés à maintes reprises aux pouvoirs publics, entravent l’accès des personnes étrangères au marché du travail, aggravent leur précarisation et pénalisent lourdement les associations et les entreprises qui les accompagnent ou les emploient.

Dix associations ont déposé, le 27 mars, un recours devant le Conseil d’État pour « carence fautive » et enjoindre l’État à appliquer la loi sur l’Administration numérique des étrangers en France (ANEF). Cette plateforme de service public, obligatoire depuis 2021 pour 83% (1) des titres de séjour, était censée simplifier toutes les demandes de titres de séjour (première délivrance ou renouvellement). Ses dysfonctionnements massifs et récurrents en ont fait un outil à fabriquer de la précarité.

Depuis trois ans, les associations signalent les bugs de la plateforme qui ont pour conséquence de priver les personnes étrangères de la garantie d’une vie privée, familiale et professionnelle. Impossible d’effectuer plusieurs démarches simultanées, impossible de renouveler son attestation de prolongation d’instruction (API), impossible de signaler un changement de résidence ou de situation… Résultats : des parcours de vie brisés, des personnes empêchées de travailler, des entreprises privées de salarié·es, des associations qui s’épuisent dans des procédures dysfonctionnelles et des services préfectoraux qui peinent à débloquer des situations.

Une enquête de la Fédération des acteurs de la solidarité (FAS) auprès des associations adhérent·es et de ses partenaires a largement documenté ces constats : la majorité des associations a constaté que les personnes accompagnées avaient perdu leurs droits à France Travail et pour 45% leurs droits à l’emploi (rupture de contrat, interdiction de travailler…) (2). La Défenseure des droits a dénoncé « des atteintes massives aux droits des usagers » et formulé une série de dix recommandations, observant que plus de 30% des saisines relatives aux services publics avaient concerné, en 2023, les droits des personnes étranger.es, et donc l’ANEF (3).

Après plusieurs réunions avec le ministère de l’Intérieur, un courrier signé par les dix associations requérantes avait été envoyé au ministre le 17 décembre 2024 pour l’alerter et proposer une série de mesures correctives (4). 1 Dans un contexte inquiétant de stigmatisation des personnes étrangères, après la loi immigration et la circulaire Retailleau, le dispositif dysfonctionnel de l’ANEF est un frein à l’insertion sociale et économique des personnes étrangères, notamment des réfugiés. La dignité des personnes, le respect des engagement professionnels et bénévoles et le dynamisme des entreprises devraient pourtant conduire à un accès simplifié au séjour, à l’emploi et à l’intégration.

Pascal Brice, président de la FAS

« Ce mur dématérialisé et pourtant bien réel opposé au séjour et au travail de tant personnes étrangères qui ne demandent qu’à vivre tranquillement doit tomber pour leur dignité et pour cesser d’entraver l’action des associations et le fonctionnement des entreprises ».

Sylvestre WOZNIAK, directeur général – Forum réfugiés

« Les dysfonctionnements de l’ANEF impactent chaque jour des personnes protégées au titre de l’asile et qui se trouvent confrontées de ce fait à des ruptures brutales de leur parcours vers l’emploi ou dans leurs démarches d’accès au logement. Ce recours vise donc à mettre fin à cet obstacle, préjudiciable pour les personnes concernées mais aussi pour la société dans son ensemble car nous avons tous intérêt à ce que les réfugiés s’insèrent bien et rapidement dans notre pays. »

Agnès de la permanence administrative de JRS France

« Ce qui me frappe est que malgré l’accueil de la France, la plupart ont un titre de séjour, leur vie reste difficile et précaire car mise à l’épreuve de démarches administratives dématérialisées, synonyme de déshumanisées. Ce que j’admire, c’est leur ténacité à aller au bout de chaque démarche. Ils nous entraînent, nous les bénévoles avec eux à ne pas lâcher, étape par étape, à obtenir ce qui est légitime. »

Chantal Mir, Directrice générale Groupe SOS Solidarités

« Quand une plateforme censée simplifier devient un obstacle insurmontable, c’est toute une trajectoire qui bascule dans la précarité. Un écran ne peut pas répondre aux besoins bien réels des personnes étrangères en quête de stabilité. L’État doit garantir un accès au séjour et au travail, pas ériger des barrières invisibles mais dévastatrices. »

Dysfonctionnements de l’ANEF : des vies qui basculent

Responsable juridique à la Direction régionale Île-de-France de l’association Groupe SOS Solidarités, Adrien Cabantous voit directement les conséquences de la dématérialisation des démarches administratives sur les personnes étrangères. Il témoigne.

 

(1) Rapport sénatorial

(2) « Accès aux droits et dématérialisation », Enquête de la FAS, août 2024

(3) Rapports du Défenseur des droits : « L’administration numérique pour les étrangers en France (ANEF) : une dématérialisation à l’origine d’atteintes massives aux droits des usagers », 11 décembre 2024

(4) Courrier

Pour un accueil digne des personnes en situation d’exil

L’association Groupe SOS Solidarités est un acteur majeur du secteur social et médico-social en France. Sa mission : fournir des réponses concrètes aux enjeux de solidarités, pour faire en sorte que personne ne soit au bout de son histoire.

Depuis la « crise migratoire » de 2015, le Groupe SOS Solidarités s’investit dans l’accueil, l’hébergement et l’accompagnement des personnes en situation d’exil, avec la ferme conviction qu’elles sont une chance et une richesse pour notre société, notre culture, notre histoire.

Le Groupe SOS Solidarités est gestionnaire de 10 000 places d’hébergement pour des publics sans domicile ou en demande d’asile, et de nombreux services d’accompagnement.

En 2022, près de 18 000 personnes, en provenance notamment de Syrie, d’Ukraine, et d’Afghanistan, ont ainsi été accompagnées dans leurs démarches d’asile et vers l’accès au droit, à la santé, au logement et à l’emploi.

Le Groupe SOS a formulé 14 propositions pour un accueil digne et une inclusion durable des personnes en exil en France. Ce plaidoyer est né des observations quotidiennes de nos professionnel.le.s de terrain. Découvrez-le.

Découvrir le plaidoyer

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