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« C’était rock and roll quand même ! » – Vincent Terol

17 octobre 2024 • ACTUALITÉS

Vincent Terol a connu le Groupe SOS alors qu’il était serveur, en 1991. Devenu éducateur spécialisé en 1994, il a ensuite évolué et sillonné la France pour agir auprès de personnes en situation d’addictions, atteintes de pathologie chronique, en grande précarité… Avant de devenir directeur de l’association Villa Saint-Camille, à la fois Résidence Seniors, Centre d’hébergement et de réinsertion sociale, pension de famille et Village vacances. Témoignage.

“Quand on est serveur, cuisinier de base, serveur depuis dix ans et du jour au lendemain, on devient éducateur, on se retrouve avec des usagers qui ont des vies extraordinaires. Moi j’étais un gamin, j’avais 24 ans quand j’ai rejoint la Communauté thérapeutique du Mas Saint-Gilles en 1994. La moyenne d’âge chez les personnes accompagnées, c’était plutôt 40 ans. Je vivais avec eux au quotidien, on cuisinait, on les accompagnait sur tout ce qui était administratif à l’extérieur, les démarches enfin bon, on vivait avec eux. J’apprenais à aller à la pêche, on apprenait à coudre, à cuisiner, on faisait des activités toute la journée. Pour moi, ça a été une révélation de me dire qu’on peut travailler et accompagner des gens. La MAS Saint Gilles, pour moi, ça reste quand même la plus belle expérience de ma vie.

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« On accueillait 100 personnes par jour, des gars de la rue, c’était rock and roll quand même ! »

Et puis ensuite, je pars à Marseille, à l’Entracte, une structure qui n’existe plus aujourd’hui, et qui était dans les quartiers Nord. C’était l’accueil d’usagers de drogues aussi, avec une prise en charge entre le sevrage à l’hôpital et entre l’orientation en post-cure. Les usagers venaient là pendant un mois, et on travaillait l’orientation avec le profil qu’ils avaient, et à quel endroit ils pouvaient aller ensuite.

En janvier 2006, je suis parti à Paris, au CSAPA 110 Les Halles. Quand on part d’Entracte, d’une boutique avec 15 résidents en internat, où l’on vit avec eux, c’est pas le même rythme que quand tu arrives au 110 Les Halles… On accueillait 100 personnes par jour, des gars de la rue, c’était rock and roll quand même ! La veille de ma prise de poste, je m’étais posé devant la boutique rue Saint-Denis, il y avait un petit bistro en face, je m’étais posé pour voir un peu le flux des usagers, les équipes, je me suis dit “ça va être compliqué”. C’était pas le même boulot, mais finalement, ça a fonctionné tranquillement !

Après le Sleep’in, après deux ans à Paris, étant nîmois, je voulais retrouver un peu le Sud. Je me suis retrouvé à retourner sur l’Entracte, non pas à Marseille mais à Montpellier. Mais j’ai finalement quitté Entracte, pour partir sur Les Lits Haltes Soins Santé (LHSS), à Marseille. J’étais toujours chef de service, mais là on change de public, parce que les usagers de drogue depuis 94, j’étais plutôt rôdé. Mais là c’est du SDF, c’est du migrant, c’est des gens malades, donc dans le soin. Il n’y a pas d’éducateurs. Mais ça a fonctionné pour moi !

Et en 2017, la Villa Saint-Camille, à Théoule-sur-Mer, a rejoint le Groupe SOS. Là-bas, il y a un côté hôtel, il y a un côté seniors, il y a un côté CHRS. Du coup, j’ai appelé Jean-Marc (Borello, président du Directoire du Groupe SOS) et j’ai dit “Est ce que tu voudrais que j’aille là bas ?” Il m’a répondu “on verra, je te tiens au courant”. C’était un vendredi, le lundi, j’ai reçu un coup de fil de Madame Maryse Duval, la directrice générale de Groupe SOS Seniors à l’époque, qui m’a dit “c’est ok, tu commences lundi ” « Non, j’ai juste proposé, je n’ai pas dit que j’allais y aller ». Et bien voilà. Pas le temps de réfléchir, que je me suis trouvé à Théoule-sur-mer.

En parallèle, Les Lits Haltes Soins Santé (LHSS) de Nice, manquaient de place pour accueillir tout le public qu’ils devaient accompagner. Moi depuis que j’étais arrivé à la Villa Saint-Camille, j’avais la conviction qu’on devait les recevoir sur l’hôtel. Je connaissais ce public de Marseille, et j’avais imaginé ce public-là avec mes grands-mères, ça allait être plutôt sympa. Ils ont dit OK et donc on a ajouté sous le côté vacancier, un étage de 26 résidents LHSS.

Le vivre-ensemble, avant d’arriver à la Villa Saint-Camille, je ne l’avais pas peut-être pas réfléchi. En tout cas, pas aussi, pas aussi mélangé. Parce que forcément, quand on travaille avec des résidents, des éducateurs, on vit ensemble. Il y a des salariés et un public. Là, à la Villa Saint-Camille, naturellement, il y a plein de publics et aujourd’hui, quand je vois les grands-mères qui boivent à l’apéro et qui jouent aux cartes avec des personnes précaires, ou qui apprennent le français à des gens étrangers, je suis super heureux ! Aujourd’hui, le vivre-ensemble dans la Villa, c’est parfait.

“Aujourd’hui, quand je vois les grands-mères qui boivent à l’apéro et qui jouent aux cartes avec des personnes précaires, ou qui apprennent le français à des gens étrangers, je suis super heureux !”

Depuis mes débuts, le Groupe SOS a bien évolué, mais dans le fond, il n’y a plus grand chose qui me surprenne. Dès qu’on voit qu’il y a des soucis qui arrivent, on est là. Récemment par exemple, les migrants, la guerre en Ukraine : au Groupe, ça rebondit pour trouver des solutions et répondre aux besoins. Donc quand je vois une nouvelle activité se créer au Groupe SOS, même si je ne connais pas, je sais pourquoi c’est là : répondre aux besoins. »

 

Mobilisé·e·s pour le vivre-ensemble, depuis 40 ans et pour longtemps

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