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Rapport : ”L’action culturelle au Groupe SOS”

8 décembre 2023 • ACTUALITÉS

Dans le cadre d’une convention liant le ministère de la Culture et le Groupe SOS, Denis Laborde, anthropologue, Directeur de Recherche CNRS (Centre Marc Bloch, Berlin) et Directeur d’études EHESS (Centre Georg Simmel, Paris), a remis un rapport sur les actions culturelles menées par le Groupe SOS au travers du “Laboratoire des publics”. Sept mois d’enquête qui apportent une analyse qualitative du programme d’accès à l’art et à la culture pour les personnes fragilisées ou en situation de précarité. 

Le Laboratoire des publics du Groupe SOS

Pensé comme un programme d’accompagnement, le Laboratoire des Publics favorise l’accès à la création, à la pratique artistique et aux œuvres pour les publics les plus éloignés de l’offre culturelle, dont font notamment partie les bénéficiaires des structures du Groupe SOS. En développant ainsi nos actions en matière de culture et d’accessibilité, nous facilitons l’émergence d’une synergie entre les artistes, les lieux d’art, les fondations, les institutions culturelles et les établissements médico-sociaux. Véritable dispositif d’intérêt général, Le Laboratoire des Publics se déploie dans un contexte que nous ne pouvons plus ignorer : l’accès à l’art et à la culture se fait au détriment d’une partie de la population qui, pour des raisons économiques et sociales, n’a pas la possibilité de participer à la dynamique culturelle qui l’entoure. Profondément engagés dans une démarche de solidarité, de partage et d’égalité, nous nous attachons donc à défendre un axe clair : essentielles, les pratiques esthétiques doivent être accessibles à toutes et tous sans distinction aucune. 

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Extraits du rapport “ Vers une convergence des mobilisations vertueuses. L’action culturelle au sein du Groupe SOS” 

 

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La pertinence des actions menées par le Laboratoire des Publics tient à la souplesse des dispositifs mis en œuvre et à la façon de pouvoir agir dans différents contextes avec une égale efficacité, précisément, parce qu’il choisit de ne pas recourir à la force nomothétique d’un dispositif unique. On le verra dans le développement de ce rapport, c’est parce qu’il change considérablement en fonction des situations et des contextes d’usage que le Laboratoire des Publics reste identique à lui-même. Cet oxymore nous rappelle qu’agir, c’est traiter des situations.” 

Lorsqu’il répond à des appels à projet qui autorisent une totale autonomie dans la mise en œuvre d’actions à visée culturelle à destination de publics fragilisés, le Laboratoire des Publics est en position d’impulser des formes novatrices d’engagement participatif qui sont liées à des projets émergents, accompagnés de leur lot de questionnements spécifiques, et que portent des acteurs du monde culturel soucieux d’emprunter, avec ces publics cibles, des chemins de l’engagement artistique qui n’étaient pas tissés à l’avance. 

La stratégie mise en œuvre par le Laboratoire des Publics est dans ce cas une stratégie éminemment politique qui questionne, pour l’abolir, la distinction entre culturel et social, entre artistique et socio-culturel : entre l’art et la vie. En un mot, il met en œuvre une stratégie novatrice consistant à récuser les logiques de guichet de l’administration publique de l’aide culturelle. 

D’un côté, en effet, gouverner la culture est injuste, sélectif, un ensemble de décisions et de dispositifs arbitraires, et il convient qu’un Laboratoire des Publics répare cette injustice en rendant cette culture accessible à tous.

“C’est un changement radical qui serait à l’œuvre, car cette attitude revient à prendre quelques distances avec les modes de collaboration pilotée par les opérateurs culturels traditionnels ou par les grands établissements de culture, pour favoriser des projets participatifs qui font des personnes impliquées non pas des « publics », mais des acteurs des processus en question, dans une visée inclusive originale, qui se distingue des politiques culturelles communes mises en œuvre par les institutions (on a suffisamment insisté sur cet aspect), mais qui se distinguent aussi des programmes de formation spécialisée proposés par les établissements publics d’enseignement de la culture (Conservatoires, Ecoles d’art, Ecoles de Théâtre, Ecoles de danse…). La place est sans doute inconfortable, elle n’est pas dessinée à l’avance et nécessite une équipe de grande qualité qui soit capable d’agir sans mépris pour les manières de faire instituées et de piloter un projet innovant en percevant les enjeux sociétaux d’une telle démarche. 

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Objectif et méthodologie de l’enquête

L’enquête a pour objectif d’identifier l’impact des actions développées par Le Laboratoire des Publics sur les bénéficiaires et sur les établissements dans lesquels ces actions ont été menées. L’étude devait initialement porter sur cinq établissements du Groupe SOS choisis pour le fait qu’ils se trouvent à Paris et qu’ils accueillent des publics distincts : 

  • La Maison d’enfants à caractère social (MECS) Felix Faure, qui accueille des garçons de 12 à 18 ans en difficultés confiés par l’Aide Sociale à l’Enfance 
    • Spectacle au Théâtre de la Ville (Jungle book reimagined d’Akram Khan) 
    • Spectacle à La Villette (Passagers des 7 doigts de la main) 
    • Visite guidée au Centre Pompidou (collection permanente) 
  • L’Unité d’hébergement diversifiée (UHD) Déclic, qui accueille des jeunes de 16 à 21 ans en difficultés confiés par l’Aide Sociale à l’Enfance 
    • Visite-promenade avec la Réunion des Musées Nationaux Grand Palais (Street art dans le 13e arrondissement) 
    • Atelier au Studio 13-16 du Centre Pompidou 
    • Visite de l’exposition Foire Foraine Contemporaine au CENTQUATRE-Paris 
  • Le Foyer d’accueil médicalisé (FAM) Maraichers, qui héberge des personnes vieillissantes en situation de handicap psychique 
    • Visite des résidences d’artistes de Montmartre avec Art Explora 
    • Un pied au Louvre avec Art Explora (plusieurs visites guidées) 
    • Séance d’expérience VR avec Wild Immersion 
    • Visite- promenade « Sur les pas de Gustave Eiffel » avec la Réunion des Musées Nationaux Grand Palais

 

L’enquête s’est principalement déroulée de deux manières : des entretiens semi-directifs avec la grande diversité des acteurs impliqués dans chacun de ces projets : médiateurs, artistes, public visé ; des phases d’observations lors des actions menées par le Laboratoire des publics.

 

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Un rapport présenté aux acteurs de l’action culturelle

Le 8 décembre, le Laboratoire des Publics a réuni 300 personnes à La Bourse de Commerce pour la remise de ce rapport. A la suite de la présentation des conclusions de ce dernier par Denis Laborde, une table ronde a réuni des acteurs de l’action culturelle avec des professionnel·le·s du champ médico-social.

Ensemble, ils ont témoigné des bénéfices, freins et modalités de collaboration entre institutions culturelles et établissements accueillant ou accompagnant des publics en situation d’exclusion : de jeunes confié·e·s à l’ASE, en passant par les résident·e·s d’EHPAD ou encore les demandeurs et demandeuses d’asiles.

Accès à la culture pour toutes et tous !

Pour le Groupe SOS, la culture est utile, nécessaire, indispensable, essentielle. 

La culture permet en effet de voir loin, de stimuler les esprits et d’enchanter notre lecture du monde. Elle est nécessairement territorialisée et inscrite dans le respect des droits culturels comme axe de réflexion. Elle est source d’accessibilité, de liberté et d’égalité. 

Or le Groupe SOS a conscience que la culture se déploie dans un environnement et un contexte particulièrement mouvants. Le secteur culturel est certes historiquement très soutenu par les fonds publics en France, ce qui est une chance extraordinaire mais peut aussi être un frein au développement de nouvelles initiatives ou d’actions hors cadre. Le Groupe SOS porte la conviction que ce modèle unique tend à faire persister des paradigmes qui nécessitent d’être interrogés et d’être désormais réinventés. Force est de constater également que les politiques publiques très volontaristes visant à démocratiser l’accès à la culture ne fonctionnent pas : si elles accroissent l’exposition à la culture de celles et ceux y ayant déjà accès, elles peinent à toucher les nouveaux publics qu’elles ciblent pourtant. 

Il est nécessaire de tracer des nouveaux chemins de coopération créative : c’est avec la complicité des artistes, des résident·e·s des établissements médico-sociaux du Groupe SOS, des salarié·e·s, des acteurs et actrices du territoire et des habitant·e·s que le Groupe SOS porte des propositions concrètes pour que la culture puisse jouer pleinement son rôle social. 

Découvrir le plaidoyer Culture du Groupe SOS 

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