Rencontre avec Nicole Merle

Que faisiez-vous avant de vous engager en Service Civique ? 

J’ai effectué une formation de comédienne. Suite à cette expérience, j’ai voulu que mon art serve autrement, qu’il soit transmis et partagé. Je voulais sortir de ma zone de confort pour ainsi rencontrer d’autres mondes et d’autres chemins. 

Comment avez-vous trouvé votre mission ? Pourquoi souhaitiez-vous effectuer une mission en service civique  ? 

Je ne connaissais absolument pas l’existence du service civique (SCV). C’est au cours d’un voyage en Asie Central qu’un inconnu français m’en a parlé. C’était exactement ce dont j’avais besoin à ce moment-là c’est-à-dire de faire le point sur ma place dans le domaine de l’art et en particulier du rôle de comédienne que j’avais envie d’apporter dans notre société. 

En quoi consistait vos missions en tant que service civique ?

Je suis arrivée au Foyer d’accueil médicalisé (FAM) Maraîchers en 2016. Il dispose de 56 places d’hébergement permanent dédiées aux personnes de plus de 45 ans en situation de handicap psychique, ayant besoin de soins, d’un suivi médical constant et d’un accompagnement socio-éducatif et aux gestes de la vie quotidienne. Ma mission était d’apporter de l’art à des personnes en fragilité psychique. On me faisait totalement confiance et notre relation était fondée sur le respect mutuel. Nos idées nous élevaient, j’étais en ébullition.  

Je ne prenais la place de personne car j’occupais un poste créé pour moi, où je pouvais imaginer des activités en fonction des résidents. Avec les professionnels et les résidents, nous pouvions échanger sur des créations potentielles. Nous faisions du théâtre, de l’art plastique et de la musique. J’apprenais à transmettre et je rentrais dans un nouveau monde, celui du social telle une exploratrice. Puis le Groupe SOS m’a proposé de partager mon SCV en deux afin d’aider l’association Souffleurs de Sens à se développer. C’est une association qui a pour mission de favoriser l’accès aux personnes en situation de handicap, de précarité et d’exclusion à la culture et aux pratiques artistiques. J’ai ainsi pu rencontrer l’équipe, c’était passionnant. Depuis nous continuons à travailler ensemble pour différents projets.  

Qu’avez-vous le plus aimé dans cette mission ? 

J’ai aimé rencontrer un nouveau monde sans qualification dans lequel j’ai découvert des nouveaux métiers dans le domaine de l’art. Pour vous dire je n’ai même pas le bac et ma dyslexie me complexait beaucoup… C’était une rencontre d’humain à humain. On m’a fait confiance et jusqu’à présent cela me porte encore.  

J’ai aussi été profondément marqué par les rencontres avec les résidents et nos échanges. Je suis sortie de mes préjugés car je ne connaissais pas ce domaine.  A présent dans chaque création que je mets en place, je souhaite que l’art soit accessible pour tous et qu’il soit tourné vers le monde vers l’extérieur.  

Qu’est-ce que votre mission vous a apporté, sur le plan personnel comme professionnel ? 

Grâce à cette expérience, j’ai ouvert mon champ des possibilités dans le domaine de l’art. En plus d’être comédienne, j’ai appris à transmettre et à créer avec des personnes dites différentes au travers d’un langage commun. Quand mon service civique s’est terminé, j’ai enchaîné directement avec un projet en tant qu’intervenante des Souffleurs de Sens au FAM Maraîchers pour la création du film avec les résistants qui s’appelle Osmose. 

Aujourd’hui, je suis comédienne et chanteuse dans un groupe que j’ai monté avec une amie : LOST PARADISE. Grâce à ma rencontre avec Souffleurs de Sens, j’ai donné durant de nombreuses années des ateliers théâtre en structure. Suite à cela, mon expérience s’est affinée. Aujourd’hui, j’écris une pièce pour la troupe des Souffleurs.  Avec Emilie, la directrice de Souffleurs de sens,  nous voudrions que la troupe de comédiens en situation de handicap soit dans des conditions professionnelles avec des théâtres de milieux ordinaires. 

Je monte également un « seul en scène » sur mon arrivée dans le monde du social et le regard que nous portons sur le handicap psychique afin de rendre l’invisible visible et d’ouvrir le dialogue dans les peurs que nous portons sur ce handicap. Je retourne même au FAM Maraîchers à présent dirigé qui m’accueille chaleureusement pour une résidence d’écriture. La boucle est bouclée ! 

Pourquoi recommanderiez-vous le volontariat en service civique aux jeunes d’aujourd’hui ? 

Je recommande un SCV pour prendre le temps dans des conditions pro à encore mieux se connaître. Savoir où nous souhaitons aller professionnellement. Avoir confiance en soi.
J’ai aussi découvert un monde que je ne connaissais pas : celui du social. J’ai appris que l’art avait un réel impact dans ce domaine-là. Ma vision du handicap a complètement changé et évolué depuis. Je suis fière d’avoir réalisé cette mission.