30 novembre 2020 • ACTUALITÉS
C’est aujourd’hui la Journée internationale des Droits de l’enfant, et nous célébrons cette année les 31 ans de la Convention Internationale des Droits de l’Enfant (CIDE), qui a pour but de reconnaître et protéger les droits spécifiques des mineur·e·s. Les professionnel·le·s de GROUPE SOS Jeunesse, qui ont pris en charge plus de 21 000 jeunes en 2019, se confrontent au quotidien aux situations difficiles des enfants et de leur famille, et observent les failles et réussites des dispositifs existants. Trois porte-paroles du GROUPE SOS nous détaillent aujourd’hui les grands enjeux à relever dans les domaines de la Protection de l’Enfance, la Protection Judiciaire de la Jeunesse et la Petite Enfance.
PROTECTION DE L’ENFANCE : MOINS LÉGIFÉRER, MIEUX CONCRÉTISER
Flavie Mekharchi,
Membre du directoire en charge de la Jeunesse,
Porte-parole Protection de l’Enfance du GROUPE SOS
« L’élaboration de la Loi de mars 2016, qui a réformé la Protection de l’Enfance s’est déroulée dans un contexte de forte concertation avec tous les acteurs concernés. Les constats sont connus et partagés largement. A ce jour, la priorité nous semble donc être moins de légiférer à nouveau que de s’assurer de l’effectivité des dispositions légales actuelles.
Enfants en situation de handicap, mineur·e·s non accompagné·e·s, jeunes en situation de précarité : tous sont avant tout des enfants, et à ce titre doivent être guidé·e·s dans leur développement physique, affectif, intellectuel et social, n’en déplaise à certains. Et ce, après leur majorité si besoin : il est illusoire de penser qu’un·e jeune majeur·e qui sort d’un dispositif de l’Aide sociale à l‘enfance à 18 ans est autonome. Il est essentiel que les familles également soient soutenues dans leur parentalité, quand la situation le permet.
Il est vrai qu’il est de plus en plus complexe de mettre en œuvre concrètement les droits de l’enfant, notamment parce que le profil des jeunes accompagné·e·s évolue, et il·elle·s cumulent de plus en plus de facteurs de difficultés. Le décloisonnement institutionnel et particulièrement entre les champs de la santé, de la scolarité et de la Protection de l’enfance est devenu indispensable. L’Etat, à travers le Conseil national de la Protection de l’enfance (CNPE) doit jouer son rôle de coordination des acteurs, non seulement au niveau national mais également au niveau local. »
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PROTECTION JUDICIAIRE DE LA JEUNESSE : FAIRE RIMER SANCTION ET ÉDUCATION
Maxime Zennou,
Directeur général GROUPE SOS Jeunesse,
Porte-parole Protection Judiciaire de la Jeunesse du GROUPE SOS
« Un·e mineur·e à l’origine d’actes délictueux, voire criminels, est avant tout un·e enfant en danger, et une personne en construction. L’engagement des acteurs doit avoir pour ambition de concourir à limiter au maximum l’incarcération des enfants et de centrer l’action sur l’éducation. A ce titre, la sanction, qu’elle s’exerce en milieu ouvert, fermé ou même en détention doit être adaptée au parcours de chaque jeune. L’éducation s’entend notamment dans le sens d’un accompagnement vers l’autonomie et la socialisation. Dès lors, il faut investir l’ensemble de la chaine éducative qui accompagne tous les âges du développement de l’enfant, depuis la petite enfance et l’adolescence jusqu’à la majorité, sans omettre les dispositifs d’aide à l’insertion des jeunes majeur·e·s.
« Surveiller et punir » uniquement, voilà ce que nous devons à tout prix éviter. Faire de la décision judiciaire une opportunité pour influer sur les trajectoires des enfants en difficulté avec la loi, voilà le meilleur moyen d’enrayer les spirales mortifères de répétition des passages à l’acte. »
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PETITE ENFANCE : LA LUTTE CONTRE LES INÉGALITÉS COMMENCE DÈS LE PLUS JEUNE ÂGE
Céline Legrain,
Directrice générale Crescendo,
Porte-parole Petite Enfance du GROUPE SOS
« Dès la période sensible des 0-3 ans, les inégalités commencent à se faire ressentir : le degré de précarité ou d’aisance, le niveau d’éducation des familles influent déjà sur le nombre de mots maîtrisés par l’enfant ; les petites filles et les petits garçons commencent à intégrer les attentes différenciées des adultes en fonction de leur genre, les enfants en situation de handicap font l’expérience de l’altérité quand leurs retards de développement conduisent parfois à les exclure des activités de groupe.
La crèche a le pouvoir de devenir un acteur fort de compensation des inégalités de départ, en mettant en œuvre des projets éducatifs à l’impact démontré. Pour y arriver, elle doit également devenir un lieu d’accueil inconditionnel, capable notamment de proposer un accueil de qualité et inclusif pour les enfants en situation de handicap. Pour cela, l’accompagnement des familles et la montée en compétence des professionnels sont deux conditions majeures de réussite. C’est en développant une politique ambitieuse autour de ces 3 axes, à la hauteur des enjeux d’égalité des chances qu’elle recouvre, que nous nous donnerons les moyens de réaliser un investissement social des plus efficaces et rentables pour l’ensemble de la société. »
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