28 mars 2022 • ACTUALITÉS
Jean-Michel, résident à la Maison d’accueil spécialisée (MAS) Francis de Pressensé à Saint-Denis dans le département du 93, est bénévole depuis quelques mois au sein du « Collectif Migrants Wilson ». Chaque semaine, il rejoint son équipe pour préparer des repas pour les demandeurs d’asile. Toujours ponctuel, il se rend seul sur place pour rejoindre les autres bénévoles. Cet engagement qu’il a choisi a lancé une nouvelle dynamique dans sa vie. L’équipe éducative constate avec plaisir et admiration toutes les transformations apparues depuis qu’il a commencé sa mission.
Cette initiative s’inscrit dans le cadre du programme de bénévolat Ma BéA, (Mission d’accompagnement pour bénévoles audacieux), expérimenté depuis quelques mois dans 5 établissements du pôle handicap du Groupe SOS. Tous les établissements pilotes accueillent des adultes, souvent exclu·e·s de toutes activités citoyennes, bénévoles ou professionnelles.
Se sentir utile et pleinement citoyen.ne
L’exercice d’un engagement bénévole nourrit le sentiment d’utilité sociale, d’autant plus pour des personnes en situation de handicap qui peuvent avoir plus de mal à trouver leur place dans la société. Ces missions au sein d’une association ou d’un organisme public permettent à chacun·e de se sentir un cioyen·ne à part entière avec la satisfaction d’avoir un rôle et une fonction dans la société. Elles sont également l’occasion pour les bénévoles de développer de nouvelles compétences dans un domaine d’activité qui leur parle et qui leur plaît.
C’est ainsi que Berthe et Solange, deux résidentes de la Maison d’accueil spécialisée Francis de Pressensé à Saint-Denis dans le 93, désireuses d’accomplir une mission pour aider des bébés, ont rejoint l’équipe de Mamama à Saint-Denis. Cette association accompagne des jeunes femmes en grande précarité, mamans de très jeunes enfants, en leur offrant un temps de répit sur place, du matériel de puériculture et des vêtements. Intégrées dans l’équipe de bénévoles, Berthe et Solange contribuent à la constitution de kits de puériculture. Elles aident également au tri de vêtements sur la plateforme logistique de l’association. Lorsqu’elles ont vu et rencontré ces jeunes femmes avec leurs bébés, un sentiment de fierté et une forte émotion les ont animées, réalisant qu’elles participaient à améliorer leur quotidien grâce à la confection de ces colis préparés par leurs soins. C’est cette compréhension de l’enjeu humain de leur contribution qui les a véritablement accrochées au bénévolat et qui les réjouissent.
« Cela me change de mon quotidien à la MAS. J’apporte ma contribution à un travail qui demande du courage et de l’énergie. La mission demande de la précision, d’être ordonnée…ça m’aide à travailler ma concentration et l’amour d’un travail bien fait. Les mamans qui viennent sont dans le besoin et cela me touche beaucoup. Je suis admirative de leur courage. On leur apporte un soutien moral et on les encourage à ne pas baisser les bras. Tout le monde peut avoir besoin d’aide un jour et pouvoir bénéficier d’un soutien providentiel et pas forcément de sa famille est une bonne chose. J’ai découvert que j’ai la capacité d’absorber le malheur sans m’ébranler, avoir la force de me tenir et de soutenir l’autre dans la faiblesse… », explique Berthe.
Gagner en autonomie, en compétence et en confiance en soi
Si l’équipe éducative de l’établissement est présente durant les premières séances afin de permettre aux bénévoles d’exercer leur mission dans les conditions optimales pour assurer leur sécurité, leur bonne intégration et leur plaisir, l’objectif est de les laisser progressivement mener leur mission seuls, les incitant à mobiliser toutes leurs compétences, sans stress et sans pression.
Jean-Michel prouve bien que c’est possible. Après quelques semaines au sein du « Collectif Migrants Wilson » dans lequel il est intégré comme bénévole, il effectue dorénavant les trajets entre son établissement et l’association en totale autonomie, gère son emploi du temps et prend des initiatives pour organiser sa vie au quotidien. De même, s’il ne se sentait pas capable au départ d’accompagner les autres bénévoles de l’association dans les maraudes, au bout de quelques semaines partagées avec le collectif, il vient d’en faire la demande directement à son chef d’équipe, sans même passer par l’équipe éducative de la MAS. Pour se rendre plus facilement sur place, il a aussi fait appel à son tuteur pour l’achat d’un vélo ! Et au regard de cette dynamique positive, sa demande d’intégrer un appartement autonome vient d’être acceptée. Son engagement dans le bénévolat est un élément moteur, structurant et stabilisant de son rétablissement. Cette mission lui a permis de montrer qu’il pouvait vivre de façon plus autonome et évoluer en dehors du collectif de la MAS. Depuis cette annonce, il est radieux et d’autant plus motivé pour prendre sa vie en main, en y plaçant sa mission de bénévole au centre.
Berthe et Solange ont également pu gagner rapidement en autonomie depuis leur intégration dans l’équipe de bénévoles de Mamama. Si le premier jour, elles étaient accompagnées par une personne de l’équipe pour le temps d’apprentissage, elles évoluent maintenant de manière totalement autonome au sein de leur équipe qu’elles rejoignent chaque semaine en transport en commun. Les deux heures de mission initialement prévues au départ se sont rapidement transformées à leur demande en une journée complète chaque mardi, avec le soutien bienveillant du chef d’équipe et des autres bénévoles. Une activité qui s’inscrit aujourd’hui dans leur projet d’accompagnement individuel et qui leur permet, d’une séance à l’autre, de gagner en savoir-faire et en savoir-être mobilisant des capacités cognitives différentes des activités proposées dans les établissements. Car c’est aussi ce développement en compétences que vise le programme de bénévolat. Deux nouvelles résidentes de la MAS Francis de Pressensé sont depuis venues renforcer l’équipe de Mamama, motivées par l’enthousiasme de Berthe et Solange. Elles ont passé les deux premières heures à préparer des kits : concentrées, appliquées, sous la houlette de leur éducatrice qui accompagnait cette première mission-test, elles ont mis à l’épreuve leur concentration, leur psychomotricité et gagné en confiance.
« J’ai toujours travaillé dans ma vie. Cette mission de bénévolat m’a rendu l’espoir que j’ai perdu avec ma maladie car j’ai rencontré des mamans courageuses qui ont surmontés des situations difficiles. Ça me fait du bien de sortir et d’aider. De rendre l’aide que je reçois à la MAS. J’envisage aujourd’hui de faire une formation d’accueillant », nous confie Solange.
Faciliter l’inclusion et la mixité sociale
Les missions proposées sont toutes réalisées à l’extérieur des établissements. Elles permettent ainsi la découverte de nouveaux lieux et permettent la rencontre de nouvelles personnes. Le programme Ma BéA permet à la fois une mixité sociale et une sensibilisation au handicap. Certains bénévoles des association partenaires n’avaient jamais eu l’occasion de partager des activités avec de personnes en situation de handicap. Elles les ont depuis intégré·e·s pleinement dans leur groupe et partagent une même volonté d’entraide.
Le foyer de vie Camille Claudel à Paris formalise actuellement un partenariat avec le centre socio-culturel les Etincelles, qui organise divers ateliers à destination des habitant.es du quartier. Ici, c’est à chaque bénévole de trouver sa mission en fonction de ses capacités et de ses envies. L’association aide ensuite à sa mise en œuvre, avec le soutien d’autres bénévoles. Un résident a ainsi proposé un atelier « lecture de contes » qui sera bientôt ouvert aux enfants du XX° arrondissement de Paris. Il souhaite également donner des cours de conversation en français à des familles de migrants : une proposition qui a été reçue avec enthousiasme et bienveillance par l’équipe du centre social. Chacun à une place à trouver, le bénévolat est un des chemins qui peut nous y aider, quelle que soit notre situation. Christian découvre la sienne en montrant leur voie à d’autres personnes qui ont besoin de trouver leur place.
Ma BéA, c’est avant tout un statut social retrouvé, une estime de soi et d’appartenance à un groupe qui donne à chaque bénévole une fonction citoyenne, hors les murs de l’établissement et de l’étiquette pesante du handicap. Les premiers résultats sont très positifs : les résidents se sont tous bien intégrés, prennent plaisir à rejoindre chaque semaine leur compagnons de bénévolat. Mobilisant leurs capacités sociales et cognitives dans une logique d’amélioration de leur état physique et psychique, le programme de bénévolat montre encore, à travers le retour des premiers résidents, une réelle amélioration de leur bien-être. Ce programme expérimental est aujourd’hui prêt à prendre son envol pour s’imposer comme un outil éducatif majeur pour tous les établissements du pôle handicap du groupe.
Le Programme Ma Béa a bénéficié du savoir-faire et du partage d’expérience de la Fondation des Amis de l’Atelier qui propose depuis 2016 avec « Si T BénéVole », un service d’accompagnement au bénévolat aux personnes en situation de handicap psychique et/ou mental qu’elle accompagne.
Pour proposer des missions de bénévolat dans le cadre du programme Ma Béa, veuillez contacter ma-bea@groupe-sos.org